MOLLY LA ROUMAINE – ET LA PEUR DE L’HUMAIN


Portraits / samedi, avril 30th, 2022
 
Molly est une jeune chienne de 15 mois (née en janvier 2021), qui est arrivée en France en Juin 2021. Elle a grandi dans un refuge en Roumanie, avec sa mère et sa fratrie. J’ai commencé à suivre Molly et sa gardienne en Septembre 2021 pour les aider à gérer les problèmes de ‘réactivité’.
 
Molly se montrait réactive avec les humains inconnus, que ce soit en promenade, dans le jardin ou chez elle. Elle a été peu familiarisée à l’humain durant sa période de socialisation. Sa mère étant très craintive et difficilement approchable, elle a certainement gardé ses chiots à distance de l’homme avant d’être accueillie dans le refuge d’Alina et Anda. L’isolement, le manque d’expérience de vie et des contacts limités avec l’humain durant les premiers mois de vie, peuvent causer des difficultés de gestion émotionnelle et d’adaptation. Particulièrement face à la nouveauté et à ce qui est imprévisible.

Son manque d’expérience avec les humains fait qu’il est certainement difficile pour Molly de comprendre leurs intentions. Il en résulte donc un problème que je vois très fréquemment chez les roumains qui ont une expérience pré-adoption similiaire ; une réactivité défensive face aux inconnus, qui est souvent exprimée par un contrôle des mouvements. Elle peut charger brusquement, aboyer, attraper les vêtements et mordre sans percer la peau (pincer). Elle peut parfois accepter à la présence d’inconnus chez elle, mais lorsque ces derniers font des mouvements brusques ou soudains, qu’ils se déplacent ou font de grands gestes, elle réagit. Ces comportements semblent très impulsifs ; elle peut les déclencher subitement, même lorsqu’elle est calme et au repos. Néanmoins, les déclencheurs ont été identifiés, ce qui nous a permis d’entamer un travail pour la désensibiliser.
 
Voici les grands axes du travail que nous avons mis en place ensemble:

– Éviter le plus possible les déclenchements le temps de travailler sur le problème ; évitement, prise de distance, détourner l’attention, contourner, éviter les situations/contextes problématiques.

– Proposer des couchages qui ne sont pas dans un passage, qui permettent au chien de se reposer sans avoir à surveiller. Beaucoup de roumains apprécient une niche (ou équivalent). Molly semble bien apprécier la niche que sa gardienne lui a fabriquée.

– Proposer des temps calmes, des mises au vert, des moments pour souffler ; même si ça se passe bien avec les invités, le vase est possiblement en train de se remplir et on ne saura pas que c’était difficile avant que le chien explose. Il faut donc limiter l’exposition et la durée.

– Travail de fond ; améliorer les compétences de vie, l’autocontrôle, sécuriser le chien dans sa relation avec ses humains et dans sa vie en général, bien structurer la communication avec l’humain.

– Travail sur les problèmes ; désensibilisation systématique, changer les déclencheurs en signaux prévisibles et positifs, rendre toutes les interactions avec l’humain simples, structurées et prévisibles.
 

La peur et le grand bain


J’ai récemment lu un post d’une consœur américaine, qui pour moi, résume bien le travail que nous faisons pour aider nos chiens à surmonter leurs difficultés d’adaptation et leurs peurs :
 
« Si on me demande comment aider un chien qui a peur, ma réponse sera similaire à celle qu’un maître-nageur donnerait si on lui demandait comment réagir face à un enfant qui panique dans le grand bain. Premièrement, il le faut sortir de l’eau. Ensuite, lorsque le stress est redescendu, on lui apprend à se tenir au rebord de la piscine, on commence à lui apprendre à bouger son corps dans l’eau, à battre ses jambes en se tenant au rebord et à mettre sa tête dans l’eau sans avoir peur. Il doit prendre confiance et être sécurisé avant de progressivement s’éloigner du rebord. Le grand bain fait peur et c’est normal. »
 
 
Pour Molly et beaucoup de chiens roumains, il y a de nombreux ‘grands bains‘ qui nécessitent un long apprentissage, PROGRESSIF, doux et sécurisant. Il est donc important de les aider à développer des compétences, à devenir plus résilients et à lâcher prise progressivement. Pour cela, ils ont besoin d’être soutenus, compris et guidés en douceur. Comme un enfant qui apprend à nager et qui devra un jour aller nager dans la ligne du milieu dans le ‘grand bain’, loin du rebord.

Géraldine Merry


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