LES CHIENS DE LA RÉUNION – QUI SONT-ILS ?


Chiens des rues / lundi, octobre 18th, 2021

Les adoptions de chiens réunionnais sont de plus en plus nombreuses en France métropolitaine. Et pour cause, ils sont généralement issus d’accouplements de chiens errants ou divagants qui produisent des portées non désirées, déplacées et abandonnées. Les associations qui travaillent sur place sauvent quotidiennement des chiots, souvent abandonnés sur le bord d’une route, ainsi que des adultes malades ou blessés.

Un peu d’histoire …

L’histoire des chiens de la Réunion n’est pas facile à retracer, car elle n’est pas documentée. Il se peut que comme les Bergers créoles, les chiens réunionnais furent initialement importés sur l’île dans le but d’être utilisés pour la garde de bétail, la chasse ou pour la consommation. Les premiers chiens sont certainement arrivés avec les différentes vagues de peuplement de l’île, par des immigrants originaires d’Afrique, d’Europe et d’Inde.

Leur histoire est fortement associée à l’esclavage, comme dans toutes les colonies esclavagistes, où les chiens étaient utilisés pour surveiller les esclaves et pour pister les Marrons – les esclaves fugitifs. Quelques récits mentionnent les terribles chasses à l’homme menées par des chasseurs de Marrons et leurs chiens tout au long du 18e siècle.

Fugitive Slave Attacked by Dogs – Isabelle Aguet, A Pictorial History of the Slave Trade (Geneva, Editions Minerva, 1971)

Certains documents officiels, dont les plus anciens datent du 19e siècle, mentionnent des campagnes d’extermination des chiens errants sur l’île de la Réunion et sa voisine, l’île Maurice. Le but était de combattre les épidémies de rage. Cependant, le nombre de chiens errants mentionné est minime comparé à la population actuelle de chiens errants, estimée à plusieurs dizaines de milliers d’individus.

Plus récemment, la presse a mis en lumière des pratiques cruelles impliquant l’utilisation de chiens comme appâts pour pêcher des requins. Il est indéniable qu’il y a des actes de maltraitance à l’égard des animaux sur l’île, comme en métropole. Cependant, il est important de rappeler que dans la société réunionnaise, le chien a essentiellement un rôle de chien de compagnie, tout comme le chat. Ils font partie intégrante de la famille.

Aujourd’hui, les chiens de la Réunion ont des caractéristiques morphologiques très variées. Ils sont pour la plupart issus de croisements, qui incluent parfois des chiens de race. La société canine de la Réunion indique d’ailleurs que les races de type molossoïdes sont populaires sur l’île. Elles représentent 27 % des chiens confirmés en 2016, principalement les races American Staffordshire terrier et Staffordshire Bull terrier (Staffie). On voit d’ailleurs de plus en plus de chiots à la robe bringée, assez commune chez ces races. Le Royal Bourbon quant à lui, est le nom donné aux chiens réunionnais, mais il n’est pas reconnu comme race.

Crédit photo – Lilly Jacquety REVEZ


Pourquoi tant de chiens errants ?

Une étude menée en 2018 estimait le nombre de chiens errants à environ 42 000 et les chiens divagants (ayant un propriétaire) à environ 30 000. Cette étude, mandatée par la préfecture, est contestée par plusieurs associations de protection animale. Ces dernières estiment que le nombre d’animaux errants est bien plus elevé – environ 300 000 (chiens et chats).

Quoi qu’il en soit, la densité de population canine non contrôlée est très importante quand on considère la taille de l’île. Si l’on en croit les chiffres avancés par les associations, le rapport est de presque trois animaux errants pour un habitant humain.

Un article de presse datant de 2019 indiquait que l’administration de la fourrière animale intercommunale estimait à 20 000, le nombre d’animaux errants tués sur les routes chaque année. Un nombre très certainement sous-estimé, puisque de nombreux animaux ne sont ni trouvés, ni ramassés.

Pour lutter contre ce problème de surpopulation et limiter les accidents, la fourrière capture chaque année plusieurs milliers d’animaux. Dont une majorité (environ 85%) est euthanasiée – One Voice mentionne 10 000 euthanasies par an. Malgré tout, le problème perdure avec de nombreux animaux trouvés blessés, malades ou morts, ainsi que de nombreuses portées déplacées et abandonnées. C’est un cycle sans fin.

Peu de stérilisations

Il y a deux problèmes majeurs ; la non-stérilisation des animaux par leurs propriétaires et l’abandon de l’État. Ce qui contribue fortement au problème des portées non désirées et à l’augmentation de la population errante, elle-même non-stérilisée. Des associations demandent à l’État d’agir, notamment via l’ouverture de dispensaires pratiquant des tarifs abordables, voir gratuits, et la stérilisation obligatoire lorsque les fourrières restituent des animaux divagants à leurs propriétaires.

Tant que les propriétaires d’animaux et les pouvoirs publics ne prendront pas les mesures nécessaires pour favoriser la stérilisation, la situation ne pourra très certainement pas évoluer favorablement.

Géraldine Merry, Comportementaliste



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