On estime qu’il y a environ 900 millions de chiens dans le monde. La première espèce animale domestiquée, il y a 15.000-30.000 ans, est aujourd’hui la plus diversifiée. Le chien domestique comprend des centaines de races avec des caractéristiques morphologiques et comportementales (phénotype) extrêmement variées.
L’espèce est présente dans presque tous les pays du monde, mais tous ses membres ne sont pas égaux. Environ 80-85% des chiens du monde sont des chiens libres; autrement appelés chiens des rues, chiens de village, chiens parias. En environ 10-15% sont nos chiens de famille et chiens de travail. Une toute petite proportion de la population globale est representée par des chiens féraux; retournés à l’état sauvage, ils ont très peu de contacts avec l’homme.
Comme c’est une espèce biologiquement très diverse, une certaine catégorisation est nécessaire. Il y a un modèle aujourd’hui reconnu par de nombreux spécialistes, qui catégorise les chiens selon leur degré de dépendance à l’humain, leur environnement de vie et leur liberté de mouvement. Voici les trois grandes catégories :
Les chiens restreints et dépendants – nos chiens de famille
Ce sont des chiens qui sont dépendants de l’humain pour subsister et qui sont en grande partie restreints par ce dernier. Cela veut dire qu’ils sont totalement (ou presque) supervisés et que leurs besoins physiologiques (manger, aller faire leurs besoins, se reproduire…) sont généralement contrôlés par leurs gardiens.
Ce sont les chiens de famille ou de travail, ils font partie intégrante d’une famille humaine ou ils vivent en chenil. Ils naissent et évoluent toute leur vie avec un très grand degré de dépendance à l’humain. Ce degré de dépendance permet la création d’un lien d’attachement fort et une relation généralement très fusionnelle. La perte d’un chien est vécue avec autant de douleur que la perte d’un proche humain.
Malheureusement, ce mode de vie contribue à de nombreux problèmes comportementaux causés par des besoins mal comblés – souvent, parce que sa nature de chien est mal comprise. Beaucoup de comportements « naturels » sont brimés parce qu’on refuse de les accepter comme tels; ils sont d’ailleurs bien souvent considérés comme inacceptables, déviants ou perçus comme étant des « bêtises ».
Les chiens non-restreints et dépendants – les chiens des rues
Si vous avez adopté un Roumain ou un Réunionnais, c’est très certainement l’un d’entre eux. Ils ont une morphologie assez uniforme à travers le monde, probablement parce qu’ils se sont adaptés à une niche écologique similaire. Cependant, ils peuvent aussi comprendre un mélange de races (souvent des chiens de berger) dans certains pays. C’est le cas en Roumanie avec les bergers des Carpathes, de Mioritza, du Caucase.
Ces chiens vivent dans un contexte dominé par l’humain et sont plus ou moins dépendants de la nourriture que ce dernier leur fournit. Comme elle n’est généralement pas directement provisionnée, ils subsistent en fouillant dans les poubelles et les décharges. Souvent, des personnes les nourrissent directement et les laissent vivre autour de chez eux.
Ils sont libres, d’aller, venir, d’exprimer des comportements naturels, mais ils n’ont pas la vie facile. Ils sont souvent persécutés parce qu’ils sont un réservoir de maladies zoonotiques, comme la rage, ou parce qu’ils causent des nuisances. Exterminations à petite ou grande échelle, coups pour les éloigner, destructions ou déplacement des portées, maladies… leur vie n’est pas facile. Et la compétition autour des ressources est parfois rude. La grande majorité ne survit pas la première année et au-delà, leur espérance de vie est très courte.
Les chiens non-restreints et indépendants – les chiens féraux
Ils ne vivent pas près de l’homme et ne dépendent pas de lui pour subsister. Au contraire, ils font leur maximum pour l’éviter. On les trouve en zones rurales et naturelles, et bien souvent, dans les grandes étendues sauvages. Les chiens féraux représentent une toute petite proportion des chiens du monde.
La féralisation, c’est le processus inverse de la domestication; une population d’une espèce domestique retourne à l’état sauvage. Certains de ces chiens ont d’ailleurs fini par former une sous-espèce au fil des générations, comme les Dingos d’Australie. On considère que ce processus nécessite le développement de la peur de l’humain; ce qui cause un éloignement radical.
Catégories fixes ?
Dans sa vie, un individu peut adopter un mode de vie différent de celui qu’il vit initialement. Un chien de famille peut devenir un chien libre et un chien libre peut être adopté. Beaucoup de chiens libres ont des propriétaires, qui les laissent vivre sans restrictions. On peut donc considérer qu’ils sont entre deux catégories.
Ceci dit, le passage d’un état de féralisation à celui de chien de famille (et le contraire) est plus difficile, bien qu’il a été observé à de rares occasions. Un chien qui n’a pas été mis en contact avec un humain durant les premières semaines de sa vie restera généralement craintif. Ce qui revient à tenter d’apprivoiser un animal sauvage.