LA PEUR CHEZ LE CHIEN (4/5)


Éthologie canine, Thérapies / mercredi, novembre 4th, 2020
 

Article 4: Anxiété, peur ou phobie ?

En ce moment, on parle beaucoup d’anxiété chez les animaux de compagnie. Et la frontière est parfois floue entre l’anxiété et la peur. C’est le cas également pour la peur et la phobie. Voyons un peu comment différencier ces différents états émotionnels.

Peur – anxiété

Nous avons vu que la peur est une émotion qui a pour fonction d’aider un animal à gérer un danger extérieur ; elle déclenche des réactions de type fuite-immobilité-combat qui permettent l’éloignement du danger. Les menaces qui déclenchent la peur sont généralement connues ; les stimuli, leur forme ou leur apparition ont déjà été identifiés par l’individu. La peur est cependant subjective, ce qui parait menaçant pour un individu ne l’est pas forcément pour un autre.

L’anxiété est une réponse émotionnelle associée à une anticipation appréhensive d’un évenement (réel ou imaginé); il n’y a pas toujours de déclencheur apparent. Elle est accompagnée de symptômes somatiques tels que l’hypervigilance, l’hypertension artérielle, une agitation et de la tension. Ces manifestations non-spécifiques (qui peuvent être associés à d’autres troubles) sont très proches de celles de la peur, ce qui les rend souvent difficiles à distinguer. L’anxiété peut-être déclenchée par un facteur externe (ex: absence du gardien) ou interne (ex: stress post-traumatique). L’anxiété à facteur externe est plus facile à identifier chez le chien, puisqu’on peut l’identifier en analysant le contexte dans lequel elle apparaît. Les facteurs internes sont en revanche beaucoup plus difficiles à identifier. On observe généralement le chien dans le contexte problématique, afin d’identifier les signes suivants :

    • Augmentation de la vigilance et de la surveillance.
    • Fixation sur les individus autour.
    • Difficultés de concentration.
    • Forte réactivité ; le chien réagit très vite, souvent de manière inappropriée au contexte.
    • Forte augmentation/diminution de l’activité motrice (parfois, immobilité intense).
    • Hyperactivité sympathique (urination, défécation, tremblements, halètement, pupilles dilatées).
    • Modification du rythme cardiaque (tachycardie, bradycardie) et de la pression artérielle.
    • Modification des fonctions gastro-intestinales (souvent, de la diarrhée).
    • Perte de poids (généralement associée à une augmentation de l’activité locomotrice).
    • Salivation excessive.
    • Tension musculaire importante.
    • Modification des cycles du sommeil.

Les situations générant de l’anxiété manquent de signaux permettant d’agir adéquatement. Cela procure des sensations d’impuissance et de perte de contrôle très importantes, générant un stress considérable. La différence la plus importante entre la peur et l’anxiété se trouve dans les réactions : l’animal peureux réagit à l’apparition d’un stimulus ; il cherche généralement à le fuir et montre qu’il ne veut pas interagir. Sa posture corporelle a tendance à « s’aplatir » ou se rabaisser. Ce qui est moins courant chez le chien anxieux. L’animal anxieux ne répond pas à un stimulus en particulier, mais se montre nerveux par anticipation. Parfois, les chiens anxieux provoquent certaines situations pour obtenir des informations, car ils ne sont pas certains de la façon dont ils doivent agir ; souvent, par des comportements offensifs. L’animal peureux a plutôt tendance à éviter. Certains spécialistes avancent d’ailleurs l’hypothèse selon laquelle l’anxiété est une forme de peur plus complexe, augmentant les capacités d’adaptation et l’anticipation de potentiels problèmes.

Phobie

Alors qu’on considère que la peur est graduelle, la phobie est une réponse de peur à un stimulus qui est disproportionnée ; elle apparaît brutalement et génère instantanément des états de peur profonds (excessifs, très intenses) et non-graduels. Les comportements phobiques se caractérisent par une forme de panique, avec une diminution significative de la sensibilité à la douleur et aux contacts sociaux. La peur est graduelle dans le sens où les réponses sont associées à l’intensité du stimulus déclencheur, à sa proximité. La phobie est souvent hors de proportion par rapport à la dangerosité de la situation.

Les phobies se développent malheureusement très vite, alors que les manifestations de peur s’empirent via une présentation à des stimuli déclencheurs. Cela dit, une peur peut au fil du temps devenir une phobie, après des expositions répétées. La phobie peut aussi se déclencher avec une seule exposition à un stimulus déclencheur. Suite à cela, des situations similaires ou des stimuli associés à cet événement suffisent à générer une nouvelle réaction de ce type. Ces situations sont alors évitées à tout prix ou l’animal la subit en ressentant une détresse extrême. On pense que la phobie se développe généralement lorsqu’une échappatoire n’est pas possible. Cela dit, nous en savons peu sur le développement de la phobie, car des signes précoces ne sont pas identifiés.

En considérant le nombre d’animaux qui font face à des situations extrêmement stressantes qui ne deviennent pas phobiques, il y a certainement une forte influence de la génétique dans le développement de la phobie. La phobie des orages est d’ailleurs souvent observée chez des membres d’une même famille canine, sur plusieurs générations.

 


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