Avec la popularisation de l’éducation positive (que ce soit pour le chien ou l’enfant), vient certaines idées reçues. Il y a beaucoup d’incompréhensions et d’interprétations erronées concernant les théories de l’apprentissage, sur lesquelles sont basées ces méthodes. Notamment, le renforcement positif, qui implique souvent de donner des friandises pour récompenser. Ce dernier point est souvent contesté. Certains éducateurs se vantent même de travailler sans friandises.
Ce qu’il est important de comprendre, c’est que ces processus d’apprentissage sont communes à toutes les espèces animales. Ce n’est pas juste une méthode « inventée » pour satisfaire les coeurs tendres; c’est un phénomène qui régit bon nombre de comportements.
La base de l’éducation positive – le renforcement positif
Le renforcement positif (il peut aussi être négatif), est un processus par lequel les humains et les animaux apprennent à identifier et reproduire les comportements qui produisent un événement plaisant. Cet événement plaisant est ce qu’on appelle un renforçateur.
Le renforcement, c‘est donc:
❥ Renforcement = augmenter la fréquence d’un comportement, le motiver à être reproduit.
❥ Positif = ajouter un stimulus, négatif = retirer un stimulus.
Quelques exemples de renforcement positif
❥ Une bonne note (on ajoute une conséquence agréable) lorsqu’un enfant travaille bien à l’école (le comportement qu’on chercher à motiver).
❥ C‘est aussi donner des bonbons à un enfant lorsqu’il a rangé sa chambre.
❥ C‘est recevoir des « likes » pour nos publications sur les réseaux sociaux – d’ailleurs, les développeurs ont très bien compris comment fonctionne le renforcement positif et à quel point il peut motiver certains comportements (ex= regarder son téléphone, parfois très régulièrement). Plus vous aurez de « likes », plus vous posterez, plus vous regarderez votre téléphone, plus vous passerez de temps sur les réseaux sociaux… Les « likes » sont un peu vos friandises.
La valeur des renforçateurs
Les stimuli renforçateurs peuvent être de plusieurs natures:
❥ Les renforçateurs primaires ont une importance biologique (ex= la nourriture, l’eau, le sexe, le confort…), qui poussera automatiquement le chien à produire le comportement, sans conditionnement.
❥ Les renforçateurs secondaires sont conditionnés, ce qui veut dire qu’ils ne signifiaient rien pour l’individu avant l’apprentissage.
❥ On parle aussi de renforçateurs tertiaires, qui sont conditionnés, mais dont la fonction est d’annoncer un renforçateur secondaire.
Les renforçateurs conditionnés (appris) sont des stimuli neutres (dénués de sens) qui deviennent des stimuli qui prédisent quelque chose de positif, après avoir été associés à des conséquences positives (généralement à un renforçateur primaire).
Par exemple, si vous donnez un billet de 500€ à un bébé, il ne perçoit rien d’autre qu’un bout de papier, qu’il mettra probablement en bouche ou jettera par terre. Ce billet ne signifie rien. En grandissant, il apprendra que ce bout de papier lui permet d’avoir plein de choses qu’il désire. Cet apprentissage (conditionnement) fait de ce billet un renforçateur secondaire de grande valeur, qui peut motiver des comportements permettant de le recevoir.
Une chose importante à savoir est que si on retire le renforçateur primaire auquel le renforçateur secondaire est associé, ce dernier va perdre sa valeur, parfois totalement.
Pourquoi ‘éduquer’ un chien et quelles méthodes utiliser?
C’est important de comprendre ces notions, pour voir les avantages des renforçateurs primaires dans l’éducation canine. Principalement parce qu’ils ne perdent jamais leur valeur. La nourriture est un renforçateur très puissant et fiable. Même un renforçateur secondaire qui semble avoir une grande valeur, aura toujours plus de ‘puissance’ s’il est associé à un renforçateur primaire. Un chien qui adore être félicité avec un « c‘est biiiennn!!!« , le sera certainement + si ces mots sont régulièrement associés à de la nourriture. Avec l’éducation basée sur le renforcement positif, vous motivez votre chien à produire d’autres comportements dans le même contexte… Et la nourriture est un bon ‘salaire’ pour le motiver 😉
Si ce n’est pas du renforcement positif, vous utiliserez, peut-être sans le savoir, une autre processus de l’apprentissage par association, comme la punition positive (punition = réduire la fréquence d’un comportement, positif = ajouter un stimulus). Plutôt que de motiver les comportements désirables, vous allez punir ceux qui ne le sont pas. Pour ‘éliminer’ le comportement, il faut qu’il mène à une conséquence déplaisante (souvent la douleur, l’isolement, l’ignorance, la peur…). Ça pose de grandes questions éthiques.
Pour reprendre les mots d’une consoeur: « L’éducation moderne, ce n’est pas une affaire d’obéissance et de discipline, mais de construire une relation forte et équiper les chiens d’une stabilité émotionnelle et de compétences qui leur permettent de faire de bons choix, afin de vivre et s’adapter à notre monde » (Kommetjie Canine College). Quoi de mieux que les motiver, avec ce qu’ils aiment?
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