Et hop, une nouvelle étude qui évalue l’influence des différentes méthodes d’entraînement/éducation sur le bien-être canin. Plusieurs études ont déjà montré que l’utilisation de méthodes comme les saccades, les réprimandes ou des colliers douloureux, peuvent impacter le bien-être des chiens, ainsi que le lien d’attachement avec leur gardien.
Les résultats d’une étude publiée en décembre dernier indiquent que l’entraînement avec le renforcement positif, particulièrement la récompense alimentaire, rend les chiens plus optimistes. Le continuum de la dimension de personnalité optimiste-pessimiste est un indicateur de l’état émotionnel.
La méthodologie
Les gardiens de 92 chiens qui ont participé à cette étude, ont emmené leur chien dans six différents centres d’entraînement (club d’éducation canine) autour de Porto, Portugal. Les chiens sélectionnés n’avaient pas de problèmes comportementaux et les gardiens ont sélectionné eux-mêmes le centre où il souhaitaient se rendre avec leur chien.
Les centres ont été classés en 3 différentes catégories en fonction des méthodes utilisées:
– groupe récompense: impliquant uniquement du renforcement positif.
– groupe mixte: impliquant du renforcement positif et des méthodes aversives (moins de 40% du temps pour les stimuli aversifs).
– groupe aversif: impliquant en majorité des stimuli aversifs.
Il y avait deux centres d’entraînement dans chaque groupe. Le groupe récompense utilisait principalement la nourriture pour récompense. Un des centres dans le groupe aversif utilisait parfois la caresse. Les méthodes ont été évaluées en fonction du potentiel plaisant ou désagréable des stimuli et des quadrants du conditionnement opérant : renforcement positif, renforcement négatif, punition positive, punition négative.
Le test de biais cognitif
Il nous faut des études expérimentales controlées et rigoureuses pour évaluer l’impact de différentes méthodes d’éducation et attitudes humaines sur le bien-être des chiens. Les tests de biais cognitifs sont utilisés depuis quelques années pour évaluer et mesurer l’affect des animaux.
Après avoir été entraînés dans leurs écoles pendant environ deux mois, les 92 chiens de l’étude ont participé à un test de biais cognitif. Les chiens ont été placés plusieurs fois dans une pièce où se trouvaient deux bols, toujours au même endroit. L’un contenait toujours de la nourriture (bol R), l’autre était vide (bol V). Un peu de nourriture était étalée sur le bol vide, pour limiter l’utilisation de l’odorat.
Une fois que les chiens avaient bien compris où étaient placés les bols, les scientifiques ont commencé les séances test durant lesquelles il n’y avait qu’un bol vide (bol O) à un endroit « ambigu »; entre les emplacements habituels des bols R et V. Parfois le bol O était plus proche de l’emplacement du bol V, parfois plus proche de l’emplacement du bol R, parfois au milieu. Entre chaque séance test, il y a une ou plusieurs séances de base (avec les bols V et R).
Selon la rapidité à laquelle les chiens s’approchent des bols et leur emplacement durant les séances tests, on condidère qu’ils sont plutôt optimistes (ils anticipent positivement) ou pessimistes (ils anticipent négativement). Ce qui nous donne une indication de leur état émotionnel.
Les résultats
Les chiens du groupe aversif mettaient globalement plus de temps à approcher les bols dans les phases test, en comparaison aux chiens du groupe récompense. Ce qui suggère qu’ils sont moins optimistes et que leur état émotionnel a une valence moins positive que les chiens entraînés avec la récompense. Ceux du groupe mixte oscillaient entre les deux.
Globalement, les chiens du groupe aversif et du groupe mixte exprimaient plus de signes de stress dans leur langage corporel (ramper, bâiller, se lécher la truffe, évitement, tension, nervosité) que les chiens du groupe récompense. Les chiens du groupe aversif en exprimaient plus que ceux du groupe mixte.
Les scientifiques ont également mesuré les taux de cortisol salivaire. Ils ont trouvé des taux plus élevés chez les chiens du groupe aversif que les chiens des autres groupes, indiquant que le contexte d’entraînement causait du stress.
C’est une étude importante, puisqu’elle montre le potentiel néfaste des méthodes d’éducation/entraînement aversives sur le bien-être des chiens. Cependant, il y a certainement d’autres facteurs à prendre en compte pour comprendre ce qui motive le chien à aller vers le bol vide. Je pense notamment aux différents influences comme les personnalités et tempéraments, l’historique de chaque chien avant l’expérience, le lien avec le gardien, et d’autres facteurs qui pourraient influencer l’état émotionnel global de chaque individu et sa prise de décision.
On pourrait rajouter que l’apprentissage spatial, comment naviguer dans un environnement restreint, influence possiblement la capacité qu’a chaque chien pour s’adapter à ces tests. Une question intéressante à étudier.
Référence:
Etude en libre accès, Vieira de Castro, A. C., Fuchs, D., Morello, G. M., Pastur, S., de Sousa, L., & Olsson, I. A. S. (2020). Does training method matter? Evidence for the negative impact of aversive-based methods on companion dog welfare. Plos one, 15(12) https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0225023
ARTICLES SIMILAIRES:
ÉDUCATION DU CHIEN: ET SI ON DISAIT OUI ?
BIEN-ÊTRE CANIN ET METHODES D’ÉDUCATION