Mon voyage en Roumanie s’achève sur une note très émouvante, marquée par la rencontre avec Elena. Elle dirige un petit refuge où elle recueille des chiens abandonnés, et en sauve d’autres des fourrières publiques grâce au soutien de l’association française L’Arche d’Éternité.

J’ai été profondément touchée par la générosité d’Elena, son amour inconditionnel pour les animaux et son immense gentillesse. Ce fut une rencontre inoubliable, et je suis repartie de son refuge avec une grande émotion.

Le refuge

Ce samedi matin, nous prenons la route vers l’est de Bucarest pour rejoindre le refuge d’Elena. La route, non goudronnée, se transforme rapidement en un chemin difficilement praticable. Nous avons du mal à localiser le refuge, car il semble être au bout d’un chemin difficile à emprunter. Les habitants sortent de leurs maisons pour nous aider et avec une grande gentillesse, sans que nous parlions la même langue, ils nous accompagnent à pied sur les chemins boueux, jusqu’au refuge d’Elena. Cette dernière nous accueille avec un grand sourire et un « bienvenue » en français.

Nous pénétrons dans le refuge où nous sommes accueillies par une vingtaine de chiens. Certains nous saluent joyeusement, tandis que d’autres, impressionnants par leurs aboiements, se montrent amicaux au bout de quelques minutes. Ils vivent dans un grand enclos qui entoure la maison d’Elena, avec des niches en bois bien garnies de paille. Après avoir pris le temps de faire connaissance avec eux, nous visitons le reste du refuge, composé de plusieurs rangées de grands boxes, chacun équipé d’un espace intérieur et d’une petite cour.

Les chiens

Le refuge d’Elena compte environ 120 chiens et elle veut tous nous les présenter. Elle nous raconte l’histoire de chaque chien et nous décrit leur tempérament. De nombreux chiens viennent des fourrières publiques de l’ASPA de Bucarest, d’autres ont été abandonnés, parfois laissés à leur propre sort dans la rue. J’ai été particulièrement touchée par l’histoire de Malow, un magnifique chien qui a perdu un œil après avoir été battu, et qui est sur le point d’être adopté. Elena m’a aussi raconté des sauvetages difficiles, comme celui de deux chiens qui ne bougeaient pas de l’endroit où ils avaient été laissés.

Certains des chiens sont encore très peureux et refusent de s’approcher. Elena doute de leur capacité à s’adapter un jour à une vie de famille, du moins sans un travail de longue haleine. C’est le cas d’un chien qu’elle a sorti d’une fourrière où il avait passé des années dans un box sans jamais voir la lumière du jour. Son manque d’adaptation et sa peur de l’homme sont malheureusement faciles à comprendre. Je trouve Elena très lucide sur la situation de ces chiens et les conséquences de leurs traumatismes à long terme.

Elle essaye tant bien que mal de les socialiser. Elle a réussi à apprivoiser les chiens les plus traumatisés, et n’est pas surprise par leur méfiance envers la laisse, le collier ou le contact physique, étant donné les conditions dans lesquelles ils sont attrapés et manipulés dans les fourrières. Elle m’a confié qu’avec le temps et la patience, en s’asseyant simplement à côté d’eux, certains finissent par baisser la garde et cherchent le contact. Parfois, elle gagne la confiance de certains des chiens traumatisés en dormant avec eux ; elle pense que ça leur permet de se rendre compte qu’elle ne leur veut pas de mal. Pour Elena, même les âmes les plus brisées peuvent apprendre à faire confiance à nouveau. 

Si les chiens craintifs du refuge d’Elena sont heureux de la voir, ils sont méfiants envers nous. Gagner la confiance d’un chien qui a été maltraité est un long travail, et généraliser ces apprentissages à d’autres personnes est d’autant plus difficile. Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec les chiens que j’accompagne en consultation, qui, une fois adoptés, continuent de se montrer peureux face aux inconnus ou réactifs dans des situations sociales.

La plupart des chiens du refuge d’Elena sont sociables. Si certains ont besoin d’un temps d’observation pour intégrer leur nouvel environnement et se sentir en confiance, il suffit de les respecter, de les écouter et de ne pas les brusquer pour qu’ils s’approchent. Cette règle d’or s’applique d’ailleurs à la vie de famille. En leur laissant l’espace et le temps nécessaire, on établit un lien de confiance solide et durable.

Elena

Elena est heureuse de notre visite, car elle sait à quel point le contact humain fait du bien à ses chiens. Elle rêverait d’accueillir plus de visiteurs et de bénévoles. Son dévouement est total. Elle travaille toute la semaine à Bucarest et consacre tous ses week-ends à ses protégés. Gérer un refuge en Roumanie n’est pas simple. Autrefois, elle était critiquée pour « enfermer » les chiens, certains préférant les laisser dans la rue. Heureusement, les mentalités évoluent : les villageois se tournent maintenant vers elle quand un animal est en détresse. Elena accueille des chiens qui ont besoin d’être aimés, soignés et protégés.

Nous avons passé plusieurs heures au refuge, où nous avons assisté à des scènes très émouvantes. Elena cajole ses protégés avec une douceur infinie. Le refuge, isolé, doit affronter des hivers rigoureux, et la mission est sans fin : il y a toujours des chiens à sauver.

Malgré tout, Elena garde le sourire et nous accueille à bras ouverts. Elle peut heureusement compter sur le soutien financier et amical de l’association française L’Arche d’Éternité, qui facilite l’adoption de ses chiens en France. Cette belle relation de confiance lui permet de subvenir aux besoins de ses protégés et d’entretenir le refuge, offrant un espoir de vie meilleure à ces animaux.

N’hésitez pas à les soutenir, à partager, à parrainer ou à faire un don, pour ces formidables bénévoles et leurs petits anges. L’Arche d’éternité: https://www.facebook.com/arche.deternite/. Je vous raconterai prochainement mes observations des chiens des rues, afin que vous puissiez vous faire une idée de leur mode de vie.