Accueillir un chien de l’étranger n’est généralement pas une expérience anodine. C’est une expérience qui sera sans doute chargée en émotions, aussi bien pour vous que pour votre protégé. Si vous souhaitez vous préparer au mieux à l’adoption d’un chien venu de l’étranger, ces quelques conseils pourront vous aider, afin que votre futur compagnon s’adapte bien à son nouvel environnement de vie.
Sa vie avant l’adoption
Avant tout, il est important de mieux connaître l’origine et la vie des chiens qui viennent de l’étranger. En général, ce sont des chiens qui n’appartenaient à personne ou qui étaient délaissés par leurs propriétaires. A l’heure actuelle, beaucoup d’associations viennent en aide aux chiens des DOM-TOM (notamment de la Réunion), de Roumanie, Bulgarie et autres pays de l’Europe de l’est. Dans certains cas, les associations viennent en aide aux chiens de travail abandonnés, comme les Galgos d’Espagne.
Pour ce qui est des chiens des rues, ils sont habitués à la présence distante des gens, aux voitures et aux bruits de la ville, mais ils ne connaissent pas la vie dans un foyer. Il faut savoir que dans certains pays, les chiens des rues ont vécu ainsi depuis des millénaires et ce n’est pas forcément un calvaire pour eux (tant qu’ils ne sont pas maltraités, malades, bléssés ou affamés). C’est leur environnement et leur mode de vie.
Si vous adoptez ou êtes famille d’accueil pour un ex-chien des rues, vous serez sûrement son premier gardien et vous lui procurerez une sécurité qu’il n’aura jamais connu auparavant. Cependant, cette sécurité ne sera par forcémenent quelque chose de plaisant pour lui au début. Son nouveau lieu de vie, votre présence quotidienne ou les sorties en laisse demanderont un temps d’adaptation, plus ou moins long selon les chiens. Il se peut qu’il ait vécu de mauvaises expériences et qu’il soit peureux. Par exemple, les chiens qui sont capturés de manière brutale développent souvent une peur de l’homme et ils sont parfois très sensibles au niveau du cou à cause du collet qui à servi à les attraper. Il faudra du temps avant de pouvoir leur mettre un collier. Optez donc pour un harnais confortable (renforcé avec de la mousse et pas trop rigide) que vous pourrez laisser sur lui le temps qu’il soit à l’aise avec des manipulations physiques. En promenade, des laisses longues permettront de lui redonner un petit peu de sa liberté d’explorer.
L’accueil de votre chien
L’arrivée de votre chien est un grand moment pour vous. Lui, il ne saura pas vraiment ce qui l’attend et sera probablement perturbé par les récents évènements : sa vie en chenil, son voyage, l’enfermement dans une caisse de transport et l’arrivée dans un lieu étrange (souvent un aéroport ou un hangar). Un chien stressé ou apeuré peut chercher à fuir. Il est donc impératif de faire en sorte que tout soit sécurisé avant de le sortir de sa caisse de transport, particulièrement si c’est un chien adulte. Ouvrir la cage dans l’aéroport est TRES risqué et de nombreux animaux se sont enfuits dans ces moments là. Si c’est possible, empruntez la caisse de l’association et sortez votre chien uniquement lorsque vous êtes chez vous. L’arrivée chez vous doit être aussi précautionnée : pensez à bien fermer les portes, les fenêtres et à prévenir toutes les personnes susceptibles d’entrer chez vous afin qu’elles fassent attention. Il n’est pas rare que des chiens nouvellement adoptés s’enfuient dans les premiers jours et il faut être très vigilant.
Votre foyer est un environnement totalement nouveau qui lui fera probablement un peu peur. Il est donc conseillé de faire son introduction dans une pièce calme avec un endroit où il pourra se cacher (une caisse de transport ouverte, un gros carton, une grande planche contre le mur…). Si c’est un chien très craintif, il se peut qu’il passe plusieurs heures prostré dans sa cachette. Laissez lui le temps d’explorer calmement. Ne le forcez pas à sortir, ne l’entourez pas, ne l’appelez pas … laissez le venir vers vous à son rythme. Vous pouvez lui laisser des friandises par terre ou à coté de sa cachette afin qu’il associe vos approches avec quelque chose de plaisant, mais reculez aussitôt. Dans certains cas, cela peut prendre plusieurs heures alors ne perdez pas patience et continuez d’associer vos approches à des expériences plaisantes et rassurantes. Il doit comprendre que vous n’êtes pas une menace pour lui.
Si vous avez un autre chien (ou plusieurs), tenez-le(s) à l’écart le temps que l’arrivant soit plus détendu et faites-les se rencontrer dans un environnement neutre, surtout si le nouveau chien est un adulte. L’idéal est de les tenir en laisse (1 personne par chien) et de garder une certaine distance: marchez lentement et si il n’y a pas de tensions, faites des approches courtes (règle des 3 secondes), éloignez-vous, puis approchez-vous à nouveau. Faites ceci jusqu’à ce qu’ils soient tous à l’aise et montrent des signaux amicaux (ex: envie de jouer, remuent la queue doucement, les oreilles en arrière, en détournant parfois le regard ou la tête). Si c’est tout de suite une grande entente et du jeu, c’est très bien, mais évitez les montées en énervement qui pourraient rapidement inverser la situation. Parfois il faut arrêter le jeu avant que les animaux ne s’énervent.
Attention à ne pas crier victoire trop vite, car le nouveau venu est toujours en phase d’adaptation et possiblement stressé, ce qui peut faire changer une situation rapidement, même lorsqu’il semble y avoir une bonne entente. A l’intérieur, des barrières enfant permettent d’éviter les débordements. Les barrières peuvent les rassurer et surtout, leur permettre de se détendre et d’accepter l’autre, tout en évitant les mauvaises expériences.
Les caresses
Si c’est un chien qui n’a jamais eu de foyer avant, il a probablement eu peu de contact physique agréable avec les êtres humains. Les chiens des rues ne sont pas habitués aux caresses, aux câlins et autres contacts que nous pouvons avoir avec nos chiens de compagnie. Les caresses avec la main sur la tête sont souvent un problème pour ces chiens : ils peuvent percevoir le geste comme une menace. Cela ne veut pas dire que vous ne pourrez jamais caresser votre chien, mais il faudra y aller progressivement et installer une relation de confiance d’abord.
Il faudra également observer les signaux d’apaisement qui peuvent indiquer sa volonté d’augmenter la distance physique avec vous. Si vous respectez sa volonté, vous gagnerez sa confiance. Par exemple, le chien se lèche le nez (à ne pas confondre avec le léchage de babines quand il y a de la nourriture), il baille alors qu’il n’est pas fatigué, il fuit votre regard en tournant la tête à l’opposé de vous, il se lève pour se tourner, il cherche à s’éloigner. En voici quelques exemples en photo:
L’habituer à vivre dans une maison
Votre chien n’a probablement jamais vécu entre quatre murs, il ne connait pas les bruits ménagers (aspirateur, sonnette de porte…), ses odeurs… etc. Les premiers jours, faites de votre maison un lieu calme et rassurant. Ce n’est pas le moment de faire une grande fête ou de faire un ménage de printemps. Ne lui imposez pas trop de visiteurs, car cela pourrait le perturber. Faites en sorte que votre environnement de vie soit le plus relaxant possible pour lui et pour commencer, il est essentiel qu’il ait un coin à lui : un petit sanctuaire pour se cacher et où personne n’ira l’embêter. Quand il décide d’aller à cet endroit, personne ne le dérangera et il comprendra qu’il peut s’y reposer si une situation le met mal à l’aise. Selon la taille de votre habitation, vous pouvez lui dédier une pièce, un recoin sous une table, une caisse de transport ouverte dans une pièce calme… etc.
Adaptez-vous à lui. Si vous voyez qu’il est mal à l’aise, aidez-le. Par exemple, il est courant que les ex-chiens des rues aient peur de manger dans un bol. Mettez-lui sa nourriture sur le sol ou même dans le jardin. Après tout, c’est comme cela qu’il a toujours mangé.
Présentez lui les objets du quotidien petit à petit. Il faut lui montrer que quoi qu’il arrive, il est en sécurité dans la maison et avec vous. Les friandises seront vos alliés (surtout que les chiens qui ont manqué de nourriture dans le passé sont généralement très gourmands) et des habituations progressives également. Par exemple, présentez lui l’aspirateur éteint, laissez-le l’explorer et félicitez-le. Faites-le plusieurs fois avant d’allumer l’objet. Si possible, laissez-le au milieu de la pièce quelques jours pour l’y habituer. Progressivement allumez-le, quelques secondes, puis petit à petit, plus longtemps. Si il y a un problème avec la laisse, faites de même, associez ses approches à des friandises.
Les promenades
Les promenades ne sont pas nécéssaires dans les premiers jours si vous avez un jardin clos. Au contraire, cela lui permet de s’adapter à son nouvel environnement de vie sans y ajouter des facteurs de stress supplémentaires. Travaillez plutôt à l’habituer à la laisse et au collier dans le jardin, avec des sessions courtes et beaucoup de récompenses pour faire des associations positives. Proposez-lui des séances de recherche de nourriture (éparpillée dans le gazon, sous des pots…) ou des Kongs fourrés, pour le stimuler mentalement.
Les premières promenades doivent être courtes et s’il est anxieux, ramenez le à la maison pour lui montrer que vous êtes à l’écoute de ses inquiétudes et que vous cherchez à le protéger.
Donnez du temps au temps
Votre ex-chien des rues contrôlait quasiment tous les aspects de sa vie. Il pouvait se reposer quand il le voulait, aller, venir, trainer avec ses copains, rester seul, aller chercher à manger, explorer, fuir les situations qui ne lui plaisaient pas… etc. Maintenant, il ne peut plus faire ces choix, il doit s’adapter à votre mode de vie, votre routine, vos règles, vos heures de promenade… et même en lui offrant amour et sécurité, il a maintenant perdu le contrôle qu’il avait avant. Pour certains chiens, ça sera une délivrance et ils en seront plus que ravis, mais pour d’autres, cela peut être très dur à vivre. Ajoutez à cela, tout ce qui est inconnu : bruits, gens, endroits… et imaginez la difficulté de son adaptation. Imaginez être propulsé en Chine du jour au lendemain, seul, vous ne parlez pas la langue, ne comprenez pas les coutumes.
Soyez patient avec et pour lui, comprenez ce qu’il traverse et ressent, comprenez la cause des difficultés que vous traverserez avec lui, aidez-le à se sentir en sécurité, à se sentir respecté et donnez-lui des choix.
La patience sera votre meilleur atout : ne brûlez jamais les étapes, laissez lui le temps de se détendre avant de lui imposer une routine et des règles, ou de tenter des approches trop rapides.
Quelques aides supplémentaires
– Des calmants naturels. Il existe plusieurs calmants naturels qui sont sans danger, ne produisent pas d’effets secondaires et qui peuvent apaiser un animal. Par exemple, les phéromones apaisantes en diffuseur peuvent aider votre animal à bien se détendre chez vous. Des compléments alimentaires comme le Zylkène ou le L-Tryptophane peuvent à long terme réduire les états anxieux de votre animal. Tous ces produits ont démontré leur efficacité par des tests cliniques.
– Favorisez les moments et activités ‘détente’. C’est essentiel de trouver des activités qui aident votre chien à se relaxer. Sachez par exemple que mastiquer et lécher les aident beaucoup à combattre le stress. Des os à macher, des tapis de léchage (tapis de cuisson en silicone recouvert de fromage type Kiri), des jouets Kongs fourrés peuvent faire l’affaire. Des jeux de recherche et d’exploration stimulent les chiens mentalement et ont un effet calmant. Des moments calmes dans la maison, de la musique douce, des siestes au soleil… toutes ces activités doivent être favorisées.
– Le soutien d’un comportementaliste. Ses connaissances pourront vous aider à mieux comprendre votre animal et son language. Par exemple, vous pourrez apprendre à comprendre son language corporel lorsqu’il est anxieux, peureux ou au contraire, heureux et détendu. Le comportementaliste vous donnera également des conseils pour gérer les difficultés que vous rencontrez avec des protocoles détaillés.